Huawei veut connecter les hôpitaux en France

Huawei fait feu de tout bois cette semaine. Après avoir mis 200 M€ sur la table pour construireen France sa première usine hors de Chine et alors que de nombreux pays européens hésitent encore à lui confier les clés de la 5G, le groupe chinois accélère sur un marché archi-sensible : la connectivité dans les hôpitaux. Pour cela, Huawei a signé mercredi à Paris un accord-cadre avec Schnell Li-Fi, un spin-off de l’institut allemand Fraunhofer.

Les deux sociétés vont proposer aux hôpitaux une solution mondiale basée sur le li-fi, une technologie similaire au wi-fi, mais plus sécurisée, car elle utilise la lumière (et non les fréquences radio) pour fournir du très haut débit. La lumière ne traversant pas les murs, les données transportées restent à l’intérieur d’un espace confiné. Sa vitesse et sa neutralité vis-à-vis des ondes électromagnétiques font aussi du li-fi une technologie très adaptée aux environnements sensibles : usines, hôpitaux, centrales nucléaires, sites militaires, etc. Dans un hôpital, par exemple, le wi-fi peut être utilisé dans les parties communes et les chambres des malades, mais pas dans les salles d’opération. Là où précisément Huawei veut entrer. En France, l’hôpital Stell de Rueil-Malmaison ainsi que l’Hôtel-Dieu à Paris utilisent des solutions similaires du français Lucibel. « Aujourd’hui, les ressources médicales se font de plus en plus rares, y compris dans des pays comme la Chine, explique Shi Weiliang, directeur général de Huawei France. Or la technologie peut justement aider les médecins à faire les bons diagnostics et proposerle bon traitement. »

Premier équipementier à proposer le li-fi

Avec ce partenariat, Huawei devient le premier équipementier télécoms du marché à avoir dans son catalogue un produit reposant sur le li-fi. Ericsson ne travaille pas sur cette technologie. Nokia s’y intéresse, mais n’a jamais communiqué sur le sujet. Il faut dire que cette technologie de niche apparue en 2010 n’est toujours pas standardisée au niveau mondial. Mais le fait
qu’un géant mondial comme Huawei s’en empare pourrait l’installer dans le paysage. « Nous avons passé des années à évangéliser le li-fi. Désormais, on va en parler davantage et cela va donner des idées aux clients qui hésitaient » explique
Yves-Henri Brepson, directeur général délégué chez Lucibel. D’ici à 2026, le marché du li-fi doit croître de 64 % chaque année pour atteindre 93 milliards de dollars, selon Schnell Li-Fi. Loin derrière les 3.500 milliards de dollars générés par le wi-fi à l’horizon 2023, selon la Wi-Fi Alliance. « Le li-fi, c’est le futur, affirme pourtant Sudhir Shreedharan, chez Schnell. La santé va être le premier secteur à adopter cette technologie. Pour les hôpitaux, cela va de soi […] A mesure que l’Internet des objets entre dans les salles d’opération, le wi-fi va vite devenir obsolète. N’oubliez pas que nous parlons d’un monde où la télémédecine est juste au coin de la rue. »

Sécurité

Huawei accélère ainsi sur une technologie complémentaire à la 5G, son champ de bataille. « Huawei n’a pas changé sa stratégie d’attaquer tous les segments du marché de la connectivité pour poursuivre sa croissance et profiter des économies d’échelle » décrypte Stéphane Téral, analyste chez Informa. L’entrée de Huawei dans le secteur très sensible de la santé en France interroge, alors que l’opérateur est pointé du doigt pour des questions sécuritaires. Certains pays, dont la France, considèrent
notamment que dans la construction des réseaux 5G, avoir recours à un équipementier chinois représente un risque pouvant conduire à une coupure des réseaux télécoms avec les conséquences sécuritaires graves qui pourraient en découler, dans les hôpitaux ou dans toute autre industrie, en cas de conflit avec la Chine. Qu’adviendrait-il par exemple si le réseau était coupé lors
d’une opération en hôpital ? Impossible de hacker, ni de couper un réseau li-fi à distance contrairement au wi-fi, insistent néanmoins les experts de cette technologie. A moins de rentrer dans la pièce et de débrancher des équipements… Tout reste cependant à faire pour Huawei, qui n’a pas encore vendu sa solution à des opérateurs télécoms français. Et ce sont ces derniers qui pourront ensuite la revendre à des hôpitaux.

Source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/huawei-veut-desormais-etre-un-acteur-de-la-connectivite-des-hopitaux-en-france-1181920

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