Transformation Numérique : accélérez en conservant l’existant !

rodriguesDominique Rodrigues
CTO de NanoCloud Software

Alors qu’Internet et le Cloud amènent la promesse de relais de croissance et de nouveaux usages, leur adoption chez les entreprises françaises est encore trop lente. Un paradoxe, lorsqu’on sait que 60% des décideurs IT dans le Monde considèrent que ces nouvelles technologies disruptives vont apporter de la valeur à leur entreprise1. Et si les questions de la sécurité des données, et d’une alternative simple pour transformer l’existant en solution SaaS, ont pu expliquer ce retard, des solutions existent maintenant pour accélérer le passage au Cloud.

La réalité de la transformation en France

Les avantages de la transformation numérique, avec Internet, ne sont plus à démontrer. La mobilité qui en découle amène une efficacité accrue, tandis qu’une meilleure maîtrise des budgets informatiques est possible grâce à la dématérialisation dans le Cloud. La vraie question aujourd’hui est : quand et comment faire évoluer tous les logiciels qui restent essentiels à l’entreprise pour les adapter aux nouveaux usages ? Si le plus tôt est le mieux, on constate que les entreprises françaises ne s’engagent pas de la même façon et à la même vitesse que leurs concurrentes.

Il ressort ainsi de plusieurs études que les acteurs du numérique français (dont plus de 300 éditeurs) ne sont pas encore prêts à bénéficier du potentiel économique d’Internet. D’après le Conseil d’Analyse Économique2, «l’économie numérique a pris du retard en France». Et le cabinet de conseil McKinsey3 souligne que «d’ici 2020, la France pourrait accroître la part du numérique dans son PIB de 100 Md€ par an, à la condition que les entreprises accélèrent nettement leur transformation numérique», en intégrant «l’impact potentiel des technologies numériques disruptives (Cloud computing, impression 3D, internet des objets, Big Data…)».

D’après Henri Pidault, expert de la migration Cloud et des offres SaaS chez Deloitte, la localisation des données reste un sujet qui freine le passage au SaaS. Mais le risque pour les entreprises et les éditeurs de logiciels français, d’après cet expert, est de laisser passer une réelle opportunité de développement économique.

Le Cloud : vecteur de croissance et d’agilité

Car la transformation numérique représente un gisement de richesse. Ainsi, l’éditeur allemand SAP a vu 14,5% de son chiffre d’affaires 2014 être généré par ses offres Cloud4, le double de l’année précédente. Les éditeurs français ont de plus en plus conscience de la réalité de ce relai de croissance. 43% de ceux-ci affirment aujourd’hui que le passage au Cloud est leur première priorité5.

Pour les entreprises, c’est aussi la possibilité de moderniser leurs applications internes, tout en les pérennisant. Pouvoir utiliser celles-ci dans un navigateur web en est un exemple. Simplifier la maintenance et la gestion des licences des utilisateurs fait également partie des avantages du passage des applications en mode SaaS.

Accélérer avec vos applications traditionnelles

Heureusement, des solutions existent pour combler le retard actuel. Du coté des infrastructures (IaaS), OVH, Ikoula, Numergy ou Cloudwatt, entre autres, ont des offres localisées en France. De multiples infogéreurs et sociétés de services peuvent aussi accompagner les entreprises et les éditeurs dans la mise en place d’une infrastructure adaptée à leurs besoins.

Pour le cas plus complexe du portage des applications existantes dans le Cloud, trois stratégies sont possibles :

  1. L’acquisition d’une solution concurrente, souvent issue d’une startup, revient à racheter la technologie qui offre des fonctionnalités Cloud proches de son application existante. Quand une telle solution existe, elle est l’opportunité d’une modernisation rapide.
  2. La réécriture complète en solution Cloud native permet de démarrer sur des bases neuves. Mais elle demande d’acquérir de nouvelles compétences et de bien estimer le temps de réécriture6 et les risques liés.
  3. La solution la plus rapide est de transformer la sortie d’une application en flux HTML5. Cette voie est intéressante grâce à de nouvelles solutions du marché, très accessibles au niveau coût et ayant des fonctionnalités SaaS, comme la collaboration multi-utilisateurs et des statistiques d’usage.

Ces trois scenarios sont résumés dans le tableau suivant:

Scénario Temps Coût
Acquisition solution concurrente équivalente Cloud native (startup) *** €€€€€€€€
Réécriture interne en solution Cloud native ***** €€€€€
Solution de transformation rapide (streaming d’application + plugins Cloud) – Coût fonction du choix technologique * € à €€€

La transformation hybride comme solution

L’approche hybride que l’on pourrait recommander, pour être présent rapidement dans le domaine du SaaS, tout en planifiant une version nativement Cloud, serait de choisir deux scenarios en parallèle : prendre une solution de transformation rapide (streaming d’application avec plugins Cloud) et démarrer en même temps, de façon incrémentale, la réécriture de l’application en version Cloud.

Cette approche hybride permet de s’adapter dès aujourd’hui aux nouveaux modèles économiques et aux nouveaux usages, tout en évoluant tranquillement vers une nouvelle solution que l’on peut planifier sur plusieurs années.

Sources :

  1. Capgemini : Application Landscape Report – 2014 (anglais)
  2. Les notes du conseil d’analyse économique, n° 26 – 2015 (français)
  3. McKinsey France : Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France – 2014 (français)
  4. Le Monde Informatique – SAP France fait progresser de 46% ses abonnements cloud – 2015 (français)
  5. Panorama Top 250 des éditeurs et créateurs de logiciels français 5ème Édition – 2015 (français)
  6. On compte déjà des cas, comme celui en 2015 de la Deutsche Post, où la réécriture de l’existant a abouti à un échec avec une perte sèche financière de 345 millions d’euros.
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