Résilience collective et défragmentation au cœur de la stratégie Cyber européenne

Les grands acteurs français et européens de la cyber sécurité se sont entendus sur la mise en œuvre d’une résilience collective et d’une défragmentation européenne pour lutter contre la menace cyber. La mise en application du Cyber Act en est l’illustration.

Lors de l’European Cyber Week qui a réunit à Rennes, la DGNUM du Ministère des Armées, l’ECSO[1], le pôle d’excellence Cyber, l’ANSSI[2] et la commission européenne, l’appel au décloisonnement et à la défragmentation européenne a été unanime.


Guillaume Poupard, Directeur Général de l’ANSSI, a rappelé que « le temps de l’UE n’est pas celui du cyber et qu’il faut agir vite, se structurer, décloisonner et revenir à une approche d’analyse des risques pour prendre les bon arbitrages ». Même constat pour Jean François Jünger, Head of Cybersecurity Technology and Capacity Building de la DG Connect qui a rappellé que « si l’Europe a un rôle majeur à jouer dans la cyber sécurité, elle doit le faire dans une approche transverse, multi niveaux et sans frontières. »

La première étape de cette stratégie est rentrée en application au travers de la transposition de la directive NIS (Network and Information Security) dans le droit national des pays membres en date du 9 mai 2018.  Depuis le 10 décembre, le Cyber Act vient renforcer le mandat de l’ENISA[3] qui devient ainsi officiellement, l’agence européenne pour la cyber sécurité, chargée de la définition et de la mise en place d’un cadre de certification européen  pour tous les produits et services répondant aux standards de sécurité applicable.  L’ENISA sera donc chargée de la préparation des nouveaux schémas de certifications en étroite collaboration avec les agences nationales de sécurité telles que l’ANSSI en France et le BSI[4] allemand.

Intégrer les risques Cloud et IoT au Cyber Act

La question soulevée étant de savoir comment seront intégrées et valorisées les dizaines d’années de travaux de certifications des agences européennes (y compris ANSSI et BSI) au sein de ce nouveau Framework, qui rappelons le, vise à harmoniser les schémas de certifications de sécurité actuels, tout en prenant compte des nouveaux risques sécuritaires liés au Cloud Computing et à l’IoT. Voir aussi l’article sur les certifications Cloud

Cette stratégie de cyber sécurité européenne comprendra également, dans le cadre du Marché Numérique Européen –DSM- le développement de nouveaux outils collectifs dont un centre européen de recherche et de compétences –ECCC– pour partager les meilleurs pratiques cyber au niveau des états membres, au renfort d’un budget de 2 milliards d’euro sur 7 ans.

Il est à noter que certaines de ces initiatives ont déjà été mises en place dans plusieurs pays telles que la création du Cybersecurity Competence Center C3[5] et de la plateforme de partage et de traitement des risques cyber MISP au Luxembourg.

Adapter les niveaux de certifications aux typologies d’entreprise.

Selon François Thill, conseiller cyber sécurité au ministère luxembourgeois de l’économie et représentant de l’ENISA, les standards actuels de cyber sécurité cadrés autour de l’ISO/IEC 27001 se concentrent sur des niveaux très élevés de protection et sont discriminatoires envers les petites et moyennes entreprises, créatrices d’innovation, mais qui ne peuvent engager des démarches de certification aussi longues et coûteuses.

A l’inverse, si la création d’un cadre de certification uniformisé est nécessaire au DSM, reste encore à définir les niveaux de standards à certifier (haut, moyen et bas)  ce qui permettrait de n’exclure aucune typologie d’entreprise du champ de certification.

C’est une approche qui peut être discutée et qui permettrait au moins de renforcer  la qualification en matière de sécurité et la visibilité de tous les acteurs de Cloud et de l’IoT actuels (IaaS, SaaS, PaaS), dans une approche de résilience collective.

Rappelons aussi à cet effet qu’ EuroCloud France et EuroCloud Deutschland_eco ont annoncé une coopération plus étroite dans le but de développer davantage les relations bilatérales de leurs membres et coordonner les travaux de réflexion, incluant notamment les questions du Cloud et de la Sécurité au niveau européen.

 

[1] ECSO European Cyber Security Organisation

[2] ANSSI Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information

[3] ENISA Agence Européenne chargée de la sécurité des réseaux et systèmes d’informations

[4] BSI  Office fédéral de la sécurité des systèmes d’informations

[5] C3 Cyber Security Competence Center

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