Le Cloud computing c’est aussi une opportunité de croissance du CA

ourghanlianBernard Ourghanlian
Directeur Technique et Sécurité
Microsoft France

En France, peu se souviennent de Claude Frédéric Bastiat, économiste et homme politique français du XIXe, malgré une solide renommée internationale. Son concept de « coût d’opportunité » désigne « la perte des biens auxquels on renonce lorsqu’on procède à un choix, autrement dit lorsqu’on affecte les ressources disponibles à un usage donné au détriment d’autres choix.

En d’autres termes, il s’agit du coût des opportunités non réalisées. Ce concept est important lors de l’examen des aspects économiques du Cloud, car il permet d’évaluer le coût réel d’une action potentielle. Ainsi, lors d’un choix pour des dépenses informatiques, il peut, par exemple, n’y avoir aucun coût direct attaché à maintenir le statu quo puisque les Datacenters sont déjà construits et le logiciel acheté.

Toutefois, en incluant les coûts d’opportunité dans le calcul, il est possible de faire une comparaison plus juste entre les différents choix possibles afin d’évacuer du débat des arguments de nature plus subjective qui font florès dès qu’on aborde le sujet si sensible du Cloud. Ce qui ne veut pas dire que le passage au Cloud ne nécessite pas la prise en compte de coûts cachés : gestion du changement, gestion et acquisition des compétences, coûts des données, réversibilité, questions légales, relations fournisseurs… Mais l’analyse se doit d’être la plus exhaustive possible.

Les dépenses informatiques classiques ont toujours été très intensives en capital : le matériel devait être acheté et les licences de logiciels acquises de manière perpétuelle. Pour cette raison, le processus de prise de décision associé a toujours été très contrôlé dans les entreprises et souvent bien peu agile. L’un des principes de base du Cloud est qu’il s’agit d’un modèle de dépenses récurrentes et qu’il a donc des caractéristiques voisines du téléphone ou de l’électricité qui sont comptabilisées comme charges d’exploitation.

Avec le Cloud, on remplace donc les dépenses en CapEx (dépenses en capital) par des dépenses d’exploitation (OpEx). Or, il y a de nombreuses raisons pour vouloir favoriser les dépenses en OpEx à celles en CapEx. Ainsi, sur le plan financier, la consommation d’OpEx donne à l’organisation la souplesse nécessaire pour mettre fin à ses coûts à volonté. Dans le cas de l’utilisation de capital, le serveur ou le logiciel en cours d’acquisition sont entièrement engagés. Peu importe si ceux-ci sont utilisés, on doit en supporter les coûts permanents (par voie d’amortissement ou les coûts de financement).

Un des autres arguments en faveur de l’utilisation d’OpEx est que cela confère aux métiers davantage d’autonomie. Ainsi, dans la plupart des entreprises, les dépenses d’exploitation sont le plus souvent déléguées aux métiers qui ont ainsi la possibilité d’acquérir la technologie qui répond à leurs besoins particuliers. Cette flexibilité est certainement l’une des principales forces qui contribuent à la croissance du Cloud. Même si cela déplait souvent aux DSI…

L’analyse financière du passage au Cloud fait souvent la part belle au bilan comptable : meilleure utilisation et meilleure efficience du Datacenter dont les machines sont souvent calibrées pour les périodes de crête, diminution des dépenses opérationnelles (on parle ici d’une diminution des dépenses de management d’environ 80 % en raison de l’automatisation) et des coûts de maintenance (50 %), diminution des coûts de possession des applications… En se souvenant qu’externaliser seulement les infrastructures (IaaS) ne permet pas d’accéder aux pleins avantages du Cloud.

Pourtant, la croissance du chiffre d’affaires et la création de valeur doivent aussi être mises à l’actif du passage au Cloud et mises en exergue. Ainsi, tout système d’information se doit d’être à la fois agile, flexible et élastique. L’agilité, c’est la possibilité de changer de cap à tout instant. Si l’on admet avec le Wall Street Journal et Forbes que le « logiciel dévore le monde », la cinétique du logiciel accélère tout sur son passage et les entreprises doivent s’adapter pour survivre dans une logique toute darwinienne. La flexibilité et l’élasticité, ce sont les capacités pour les SI de pouvoir passer à l’échelle, d’être résilients, fiables, évolutifs, réversibles…

Le Cloud vient apporter des réponses à ces défis. Par exemple, provisionner une application ou un service en quelques minutes plutôt qu’en quelques mois. En permettant l’innovation dans les services offerts par l’entreprise à ses clients et ses collaborateurs. En permettant la différenciation concurrentielle grâce à l’adoption de nouvelles technologies comme la mobilité, la vidéo, le social, le Machine Learning… Afin de permettre aux entreprises d’être plus compétitives, plus efficientes, tout en attirant les meilleurs talents.

Le Cloud au service du redressement productif ?

Article paru dans le Cercle Les Echos

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