Comment adapter son architecture au Cloud ?

gabrielJan Gabriel
Directeur Alliances & Marketing ITS Integra
www.itsintegra.fr

Les acteurs de la DSI se retrouvent aujourd’hui de plus en plus confrontés à des offres articulées autour du Cloud et proposées par de nombreux prestataires. En effet, ce modèle, avec ses différentes variantes, peut constituer une solution optimale pour répondre à certaines problématiques… à condition de réaliser un travail en amont d’adaptation de son architecture.

La suite, sans prétention d’être exhaustive et universelle, vise à identifier les principaux points d’attention dont il convient de tenir compte.

Identifier les véritables bénéfices recherchés

« Cloudifier » pour être dans l’ère du temps n’apporte pas grand-chose bien au contraire. Il est important de mettre en exergue les fonctionnalités et avantages recherchés, car cela va également fortement influencer le choix du prestataire et/ou de la solution. Voici quelques exemples courants :

« Mon métier fait que j’ai des besoins ponctuels ou récurrents de puissance de calcul plus importante qu’en fonctionnement normal (saisonnalité, pics d’activité, opérations de clôture, etc.). »

« Je souhaite bénéficier d’un plan de secours ou plan de reprise d’activité tout en limitant les investissements liés à sa mise en œuvre et son maintien. »

« Je démarre une activité / une application / un projet informatique qui pourra rapidement monter en puissance et m’obliger à revoir à court ou moyen terme mes besoins en termes d’architecture. »

« Bénéficier d’infrastructures à la demande, avec ou sans autonomie du client final (utilisateurs internes, départements IT, métiers…). »

« C’est devenu un standard sur mon marché, mes clients l’exigent (je pense notamment aux éditeurs et au SaaS). »

Physique versus virtuel : tester, optimiser et tester encore

Transposer à l’identique un environnement physique « classique » en virtuel est une erreur très répandue : même nombre et fonction de serveurs, mêmes ressources par serveur. Cela revient à fermer la porte sur les avantages du virtuel et par extension du Cloud. Pire même, les mécanismes de la virtualisation font que cela peut s’avérer néfaste en termes de performances et de disponibilité.

Il est impératif de :

  1. Tester exhaustivement la virtualisation d’une application que ce soit sur une maquette en interne ou sur les infrastructures d’un prestataire (encore mieux, faire les deux).
  2. D’optimiser le nombre de serveurs et les ressources par serveur au maximum (un effet de concentration, de mutualisation), en analysant dans le détail les préconisations techniques de la solution de virtualisation retenue.
  3. Réaliser des tests en conditions réelles (client beta ou test de charge), analyser les mesures… et optimiser encore
  4. Ne surtout pas négliger la sécurité (protection des données, cloisonnement dans le cas de plateformes multi-tenant, les accès et surtout les accès nomades, etc.)

Cela suppose, selon la complexité de l’application, un travail potentiellement conséquent et à la croisée du développement et des infrastructures, avec un appui utilisateur (réel ou simulé). Faut-il préciser qu’un tel projet ne peut se faire qu’en transversalité pure et parfaite (études – développement – infrastructures – utilisateurs) ? Ne cherchez pas plus loin, la clé du succès se trouve là.

… et ensuite ?

Prenons comme exemple les éditeurs désirant se lancer dans le SaaS pour abandonner un modèle souvent basé sur une intégration d’une plateforme chez le client : l’offre doit être traitée comme un nouveau service et suppose donc une réflexion aboutie sur l’ensemble des aspects le composant. Le cheminement est comparable ou le même pour d’autres cas d’application. Une DSI doit se poser les mêmes questions quand il s’agit de mettre à disposition le service aux utilisateurs internes ou externes.

  1. Le modèle commercial : un coût à l’utilisateur, un forfait avec ou sans variabilité, au ticket, … couvrant la licence, l’hébergement et la maintenance, le support applicatif
  2. Les engagements (SLA) : la disponibilité, les performances (mesurables et mesurées), la réactivité en cas d’incident ou demande, la sécurité, …
  3. La contractualisation : les conditions d’utilisation, les aspects de sécurité, la réversibilité, etc.

Ceci peut également très fortement conditionner le choix d’un prestataire Cloud. Ce dernier est-il capable de me proposer une approche en ligne avec mon modèle et ses implications ? Vous l’aurez compris, l’idéal est de trouver un partenaire capable de s’adapter à votre façon de proposer le service (facturation, SLA, contrat).

Concernant la contractualisation avec un prestataire Cloud, je conseille à tous de lire « Les 10 commandements du contrat de Cloud Computing » rédigé par Maître Olivier ITEANU, membre du Conseil d’Administration d’Eurocloud et fin connaisseur en la matière.

Transformer l’essai

En suivant la trame présentée ci-dessus tout en l’adaptant à votre métier, vos enjeux et vos objectifs, il ne reste plus qu’à passer à l’acte. L’objectif de cette tribune n’est pas de rentrer dans les détails de la suite, c’est-à-dire d’esquisser comment vendre la solution ; je passe donc sur les sujets de marketing et de commercialisation de la solution, de la publicité aux utilisateurs, de l’organisation du support interne ou externe, des objectifs de vente et de marge et ainsi de suite.

Cela reste cependant autant de réponses à apporter pour réaliser un plan de route complet. Il est impératif de prendre la mesure du travail à réaliser et des efforts à mobiliser afin de mener à bien ce type de projet. Nous voyons trop souvent des projets lancés sans que l’ensemble des sujets aient été réfléchis jusqu’au bout et ce indépendamment de la taille, du degré d’industrialisation IT et de la maturité de la DSI de l’organisation.

Le résultat : une explosion des coûts, un projet en mode bricolage, un planning à la dérive, une équipe Projet au bord de la crise de nerfs, une direction le couteau entre les dents, des utilisateurs et clients impatients et mécontents… bref un échec.

Bien entendu, difficile dans ces conditions de continuer à pousser ses applications vers le Cloud et c’est bien dommage. Maîtriser le processus dès le départ est réussir à adapter son architecture au Cloud et par extension un formidable vecteur de croissance directe ou indirecte pour toute entreprise. Comme pour toute opportunité de développement cela suppose un véritable investissement à tous les niveaux.

Cela peut rappeler à certains les débuts du Web… mais ceci est une autre histoire rédigée en plusieurs tomes, mais toujours sans fin en perspective. Tout comme le Cloud.

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